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15.04.2016

Le Sens De La Digression rencontre Lasser


un livre, qui se lit étonnamment vite, et que l’on savoure du début à la fin, mais plus pour son humour et dépaysement que pour son côté polar.

Une bonne description pour les débuts de Jean-Philippe Lasser, que ce titre, mais étrangement il s’avère que c’est aussi le titre du premier tome de ses aventures. Des aventures, qui nous entraînent d’un prologue gaulois jusqu’à la terre des pharaons : la vallée du Nil.

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Première de couverture du premier tome

Il y a trois semaines quand j’ai rencontré au salon Livre Paris, deux des quatre mains écrivant cette série de romans : Sylvie Miller ; la première chose qu’elle m’ait dite, était : « J’espère que vous ne vous êtes pas ennuyé !« .

Pari réussi, ce ne fut effectivement pas le cas : l’humour est omniprésent dans ces pages et l’univers, qui y est décrit, amène quelque chose, que je n’avais encore jamais rencontré dans le genre du Policier.

C’est un Polar(1), oui, mais même j’ai eu grosse préférence pour la science-fiction et la fantasy, le synopsis de ce premier tome réunissant les genres, m’a convaincu de me lancer(2).

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Dès les premières lignes du roman, on se retrouve donc propulser en 1935 sous le règne de Ramsès XXVII(3) dans un univers alternatif, où les divinités antiques n’ont pas disparus, et marchent encore parmi les hommes. Enfin je dis « marchent », elles sont plutôt du genre à rouler dans le dernier bolide de l’époque pendant que les simples humains se contentent de se déplacer à pied.

Dans ce monde, Lasser est l’archétype du détective blasé et poisseux : celui, qui s’occupe des enquêtes miteuses, que ses confrères n’oseraient même pas accepter, et qui semble toujours avoir un verre de whisky pur malt à la main quand il est désœuvré.

Au début du texte, il officie dans le sud de la Gaule, et se tient à l’écart des Dieux. Mais un jour il croise la route de Ounénet, une « pauvre » jeune fille égyptienne, qui a été « enlevée » par un baron de la pègre de Marseille Marselha(4).

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N’écoutant que son cœur ou alors une autre partie de son anatomie, il ne peut s’empêcher de la libérer. Et malheureusement cela l’oblige à quitter précipitamment le pays pour fuir la vengeance du mafieux. Il met donc le cap sur l’Égypte, et après quelques semaines il se retrouve dans une situation égyptienne similaire à celle, qu’il occupait en Gaule, troque alors juste le comptoir du Bar de la Marine pour celui de l’Hôtel Sheramon. On ne refait pas !

Mais c’était sans compter la déesse Isis, qui l’aborde un jour qu’il sirotait tranquillement son whisky sec au bar, et lui propose une enquête : retrouver le manuscrit de Thotqu’elle a perdu qui s’est égaré.

L’enquête pue les complications à plein nez, mais comme il est assez dangereux de décevoir ou d’ignorer les divinités, Lasser accepte cette demande empoisonnée :

Lasser – Pourquoi m’avoir choisi ? Anubis est bien meilleur que moi, en plus c’est l’un de vôtres.

Isis – Parce qu’il a peut-être volé le manuscrit. […] Je ne peux faire confiance à aucune de mes relations. J’ai besoin d’un enquêteur honnête pour retrouver ce manuscrit. Pas forcément doué, mais intègre.

Et ainsi démarre sa nouvelle carrière de grouillot des dieux. Car une fois cette histoire de manuscrit réglée, il est recruté par Sekhmet pour une affaire de chat perdu ; puis il aide ensuite Osiris à retrouver sa virilité, et règle enfin un problème d’irrigation à sa source divine. Et tout ça dans le premier tome !

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Première de couverture du deuxième tome

Les enquêtes sont assez basiques, et il n’y a pas de révolution de ce côté, par contre du côté des personnages c’est beaucoup plus intéressant, et on se prend à s’attacher à Lasser et ses compagnons.

Que ce soit Fazimel, la réceptionniste de l’hôtel Sheramon au caractère bien trempé, qui lui tient lieu de collaboratrice ; ou le chat parlant Ouabou, que Sekhmet lui colle dans les pattes, et qui deviendra son meilleur ami.

Et puis il y a les autres, les divinités, qui remplissent à elles seules la presse à scandale de l’époque : Seth, qui se prend tantôt pour Al Capone, et tantôt pour un boxeur, quand il a besoin de chahuter notre héros ; Isis, qui désintègre tous ceux, qui lui jettent un regard un peu trop langoureux ; ou Horus, qui batifole avec la fille de Zeus de visite en Égypte.lasser-un-mariage-a-l-egyptienne-encart

Des Dieux et des Déesses, qui portent désormais un intérêt tout particulier à notre détective, et lui font subir tour à tour leurs caprices et caractères ombrageux.

Ce qu’on peut dire c’est Sylvie Miller et Philippe Ward ne laissent pas un moment de répit à notre héros, et c’est pour notre plus grand plaisir. Le résultat : un livre, qui se lit étonnamment vite, et que l’on savoure du début à la fin, mais plus pour son humour et dépaysement que pour son côté polar.

Je ne sais pas, où les auteurs vont s’arrêter, mais les aventures de notre investigateur ne vont terminer ainsi, vu que les dernières pages de ce premier tome annonce déjà le deuxième : Mariage à l’Égyptienne ; et que pour l’instant elles s’étirent sur une nouvelle(5et quatre romans.

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Un petit souvenir pour bien débuter le tome 2


(1: Le dernier que j’ai lu, remonte à plusieurs mois, c’était lors de ma relecture d’un paquet de nouvelles de Sir Arthur Conan Doyle.

(2: En fait plutôt suite à la lecture d’un article sur le tome 3, que l’on peut trouver ici, qu’à celle du synopsis.

(3: Ne chercher pas celui-là, il n’est pas dans Wikipedia ; dans notre monde, il n’y a eu que onze Ramsès.

(4: Étrange que ce soit la version occitane du nom de la ville, qui soit utilisée ici, plutôt que sa version antique grecque : Μασσαλία ou Massalia.

(5: Cette nouvelle est paru dans l’anthologie «Fragments d’une Fantasy Antique», et raconte la première apparition de Jean-Philippe Lasser dans les pages de «Voir Pompéi et Mourir».