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09.06.2016

L’avis de Sabine Barbier


j’ai dégusté ce roman léger (j’ai beaucoup ri), mais fourni en légendes, en anecdotes. On sent tout le travail de recherche que les auteurs ont dû mener, mais jamais on n’est abruti de connaissances. Tout s’inscrit parfaitement dans le monde de Lasser, par petites touches.

Vous rappelez-vous ces films en noir et blanc où un détective privé, toujours en imperméable fermé, une cigarette à la bouche, un verre dans une main et une fille dans l’autre, se retrouvait sans cesse à devoir résoudre des enquêtes plus délicates les unes que les autres ?

En lisant le livre écrit par Sylvie Miller et Philippe Ward, l’analogie est évidente. Sauf que… Lasser, détective privé, a une clientèle un peu particulière : les Dieux de l’Égypte antique et que nous sommes en 1930 !

Ayant pu parler avec les deux auteurs (à un an d’intervalle, mais je suis obstinée), j’ai appris que les environnements avaient été choisis par passion : l’Égypte pour l’un, les voitures pour l’autre ; les pulps et la fantasy sont des univers où les écrivains se retrouvent.

Partant de là, ils ont voulu créer un monde où Dieux et humains se côtoieraient, mais également avec des touches de « modernité » comme ce défilé de voitures anciennes que nous verrons tout au long du roman. Pour cette raison, ils ont situé l’action en 1930, date à laquelle les véhicules automobiles ont commencé à envahir les rues.

L’histoire commence par un assez long prologue, qui va nous permettre de faire connaissance avec ce détective privé qui cumule les problèmes, à tel point qu’il devra quitter précipitamment Touloun pour gagner l’Égypte, accompagné bien sûr d’une ravissante jeune femme qu’il a tirée des griffes de gros méchants !

Trois ans plus tard, Lasser est installé au Caire, à l’hôtel Sheramon, vivotant de quelques enquêtes mal payées et de whisky bas de gamme. Intervient alors la Déesse Isis qui requiert ses services. Enfin soyons francs, qui l’oblige à travailler pour elle. Oui, les Dieux ont beau côtoyer les humains, ils n’en restent pas moins des divinités à qui les mortels doivent obéissance.

Il est chargé de retrouver un objet perdu contre un salaire qui lui permettra d’être à l’abri pour une année. Quelle aubaine !

Mais travailler pour les Dieux n’est pas toujours de tout repos et Lasser va l’apprendre à ses dépens : jalousie, magouilles ponctueront son chemin et il devra encaisser bien des coups pour arriver à résoudre son enquête.

Au fil des chapitres, notre détective privé se verra ensuite engagé par différentes divinités, plus ou moins agréables, il lui faudra composer avec leur humeur, leur orgueil et leurs rivalités.

Lasser réussira au final à devenir le détective des Dieux, mais à quel prix !

Les maladresses de Lasser, son don pour provoquer les Dieux et ses ennemis font de lui un personnage haut en couleur mais attachant. C’est d’ailleurs un tendre sentiment que lui voue Fazimel, réceptionniste et assistante de Lasser à ses heures perdues. C’est elle qui lui sauvera plusieurs fois la mise, le tirant des griffes du chef de la police notamment.

Les auteurs ont su vraiment m’immerger dans leur monde, à tel point que j’ai pu par instant oublier qu’Isis, Seth et les autres étaient des Dieux. Mais un ordre claque et immédiatement, on reprend conscience de leur statut. Ils commandent et les mortels n’ont qu’à baisser les yeux et s’exécuter.

Tout au long, j’ai dégusté ce roman léger (j’ai beaucoup ri), mais fourni en légendes, en anecdotes. On sent tout le travail de recherche que les auteurs ont dû mener, mais jamais on n’est abruti de connaissances. Tout s’inscrit parfaitement dans le monde de Lasser, par petites touches. On retrouve même une version tout particulièrement du personnage du Chat botté, c’est vous dire que l’on va de surprise en surprise.