Un privé sur le Nil

13.01.2013

Un avis sur Babelio


L'univers élaboré par les auteurs a également de quoi séduire : il s'agit bien de notre monde au début XIXe, à la seule différence que les croyances païennes ont perduré et que les divinités de l'Antiquité arpentent le plus naturellement du monde le pays où elles sont vénérées.
Après une première apparition du personnage de Jean-Philippe Lasser dans la nouvelle « Voir Pompéi et mourir » parue dans l'anthologie « Fragments d'une fantasy antique », voilà que le détective se voit consacrer plusieurs romans. Avec « Un privé sur le Nil », premier tome de la série, Sylvie Miller et Philippe Ward se lancent donc dans une nouvelle collaboration, et celle-ci fonctionne à merveille. Nous voilà donc embarqués dans les aventures de ce héros attachant dont on suit les déboires avec les divinités qui constituent le panthéon égyptien. le roman est organisé en plusieurs petites parties d'une cinquantaine de pages chacune et consacrées aux différentes enquêtes menées par Lasser : retrouver le manuscrit de Thot, mettre la main sur la chatte favorite de Sekhmet, et même éclaircir la disparition du sexe d'Osiris ! le détective se révèle être au fil des pages un protagoniste fort sympathique aux malheurs duquel on ne peut que compatir (et oui, être le détective privé des dieux est loin d'être une sinécure !). Les personnages secondaires ne sont pas en reste, à commencer par les deux « associés » de choc de Lasser : Fazimel, jeune femme pleine de ressources et qu'on regretterait presque de ne pas voir davantage, et surtout Ouabou, félidé à la langue bien pendue. 
L'univers élaboré par les auteurs a également de quoi séduire : il s'agit bien de notre monde au début XIXe, à la seule différence que les croyances païennes ont perduré et que les divinités de l'Antiquité arpentent le plus naturellement du monde le pays où elles sont vénérées. Croiser le redoutable dieu Seth en costume trois pièces et se déplaçant en voiture de luxe, assister à l'arrivée d'Isis ou Sekhmet dans un night-club, voir les batifolages d'Horus et la fille de Zeus faire la une de la presse à scandale..., il faut avouer que cela ne manque pas de piquant ! Sylvie Miller et Philippe Ward se font un malin plaisir de faire descendre de leur piédestal ces divinités ancestrales pour le plus grand bonheur des lecteurs, et le plus grand malheur de notre héros qui ne manque pas de faire les frais de leurs caprices et de leur caractère ombrageux. Ce roman est également l'occasion pour nous de nous (re)familiariser avec la mythologie égyptienne et son panthéon ainsi qu'avec la géographie du pays : du Caire aux pyramides de Guizèh, en passant par Assouan, Philae, la Nubie..., c'est qu'on en voit du paysage !
Un roman qui se lit avec une déconcertante rapidité et qui offre un très bon moment de divertissement. C'est avec plaisir que je me plongerais dans le deuxième volume des aventures de Lasser, « Mariage à l'égyptienne », d'ores et déjà prévu pour mars 2013.