Mariage à l’Egyptienne

25.04.2013

dixit l'oncle Paul


Un véritable régal pour ceux qui désirent lire autre chose qu’un livre banal reposant sur une intrigue habituelle visitée à moult reprises.

Un Gaulois chez les Dieux égyptiens ou Lorsque la mite au logis fait des trous à l’histoire.

Bien installé dans son fauteuil et ses habitudes, Lasser, le détective privé dont on a pu faire la connaissance dans  Lasser, détective des dieux, sirote tranquillement et en toute sérénité un whisky sec, tout en somnolent malgré le bruissement du papotage des pachas assis non loin. L’intrusion inopinée d’Isis, toujours aussi belle et parfumée fait s’envoler comme un essaim de mouches les consommateurs de l’hôtel Sheramon du Caire.

Lasser sent que les ennuis vont commencer mais il faut bien gagner sa croûte et il a envie de s’acheter une voiture neuve. Isis est furieusement embêtée car sa future belle-fille a disparu. Aglaé est la fille du dieu des dieux grecs et l’une des Trois Grâces, et n’importe lequel des invités à la noce prochaine peut être considéré comme le ravisseur potentiel. Même Seth, le frère d’Isis. Et si elle engage Lasser pour cette nouvelle enquête, c’est bien parce qu’elle n’a pas confiance dans les Medjais, la police de Pharaon dirigée par Hussein Pacha Rouchdy, le chef de la garde. Deux bagues, dont une qui servira de sésame à Lasser lorsqu’il sera à Alexandrie, une autre pour ses défraiements ainsi qu’un bracelet pour s’acheter le véhicule tant convoité, cela suffit à Lasser pour annihiler ses réticences.

Lasser se rend chez Vulcain, qui a quitté ses forges de l’Etna pour s’installer comme garagiste et casseur à Memphis, afin d’acquérir une voiture sport. Une Bugatti rouge lui fait de l’œil, mais il ressort propriétaire d’une Mercedes-Benz 710SSK Trossi (voir l’image ce sera plus simple) et rentre au Caire fier comme un paon. Son amie Fazimel, réceptionniste au Sheramon, et accessoirement son assistante, ne peut se libérer mais elle lui fournit quelques noms de collègues à Alexandrie.

Tranquille à bord de sa voiture de luxe, Lasser roule vers Alexandrie lorsqu’à un certain moment, toujours celui où on s’y attend le moins, il est dépassé en trombe par une automobiliste qui lui fait une queue de poisson. De plus il se fait enguirlander copieusement par cette magnifique créature qu’il croisera souvent à son hôtel et en d’autres endroits, par exemple dans le palais d’Horus, le fiancé d’Aglaé et fils d’Isis, où s’active Sarq Ôsis le maître de cérémonie survolté.

Zeux, le père d’Aglaé, est mécontent et si ça continue cela risque de dégénérer en incident diplomatique. Selon certaines rumeurs Aglaé est une chipie, invivable, mais Horus est amoureux. Lasser ne sait pas par quel bout prendre cette enquête jusqu’au moment où Seth, dont il garde un mauvais souvenir d’une affaire précédente les ayant mis aux prises, lui demande de le disculper et de retrouver la belle enfuie. Enfuie ou enlevée.

A la réception de l’hôtel, un message l’attend lui demandant de se rendre à un endroit réputé mal famé afin de rencontrer quelqu’un susceptible de lui fournir quelques indications. Hélas, lorsqu’il arrive à l’adresse indiquée, l’homme est moribond, ayant été agressé. Il ne peut, avant d’expirer, que lui souffler un mot en grec. Bientôt le bâtiment est la proie d’un attentant et Lasser en réchappe de justesse.

Dans ses rêves il revoit souvent Sphinxy, son indicateur préféré décédé dans une précédente aventure, qui essaie de communiquer avec lui. Afin de savoir ce qu’il veut lui communiquer, Lasser doit rencontrer Sphinxy au Royaume des morts, un endroit dont on ne revient jamais ou presque. Heureusement, il retrouve son ami Nephertoum, le fils de Sekhmet, qui s’amuse à se transformer en chat, ainsi qu’Hâpi, le taureau ailé. Quand à la charmante (physiquement) et insupportable jeune femme qu’il a rencontrée à plusieurs reprises, il s’avère qu’elle n’est autre que Médée, qui se prétendait journaliste, et a été nommée détective à la solde de Zeus. Elle est trop souvent entre ses jambes (quoi que parfois cela soit agréable) pour être honnête. D’ailleurs elle s’ingénie à contrarier l’enquête de Lasser qui se lasse.

Il va falloir que Lasser affronte moult dangers, peaux de bananes glissées sous ses chaussures par les Dieux et demi-dieux, aussi bien Egyptiens, que Grecs, ou même Sumériens. Il retrouve même un vieil ennemi, le dieu gaulois Taranis de funeste mémoire paternelle. Il va sauter du haut du phare d’Alexandrie, voyager dans le royaume des morts, essayer de résoudre une énigme abstruse, Sphinxy aime fournir des renseignements sous forme de devinettes, puis rejoindre Babylone, affronter encore des dangers dont il s’en sort grâce à ses amis, éventuellement Isis ou Médée, qui agit toujours avec une arrière pensée, évoluer dans une fête foraine, hauts le cœur assurés, et même prendre un taxi en tapis volant.

En cette année 1935, l’Egypte et les autres pays bordant Mare Nostrum sont toujours sous la domination des Dieux de la mythologie, égyptienne, sumérienne, grecque et autres. Ces Dieux se montrent à l’instar des humains, dédaigneux, fourbes, revanchards, vindicatifs, belliqueux, toujours en conflit entre eux et leurs collègues issus d’origines diverses. Mais ils peuvent faire également preuve de mansuétude, de fidélité, entretenir des amitiés, se montrer courageux, cela ne leur est guère difficile puisqu’ils possèdent des dons d’invisibilité et des possibilités de pratiquer la magie afin de se sortir de situations délicates. Mais ils ont également leurs failles, et ce n’est pas pour rien qu’ils ont recours à des humains comme Lasser afin de débrouiller l’écheveau complexe de leurs inimitiés.

Ce roman fantastique, ce dernier mot étant à prendre dans tous les sens du terme, marie allègrement enquête policière et magie, onirisme et action, dépaysement et histoire ancienne, humour, émotion et angoisse. Un véritable régal pour ceux qui désirent lire autre chose qu’un livre banal reposant sur une intrigue habituelle visitée à moult reprises.