Mariage à l’Egyptienne

05.09.2013

Chronique sur Mes Imaginaires


cet opus est avant tout un divertissement mêlant humour et aventure.

L’improbable Lasser se rend immédiatement sympathique, même s’il n’apparait pas toujours sous son meilleur jour.

ean-Philippe Lasser, rien moins que détective des dieux. Un titre octroyé par Isis en personne pour bons et loyaux services. Et pour motiver le bonhomme qui va devoir repartir à l’aventure : Lasser est chargé (sommé !) de retrouver Aglaé, une des trois Grâces et fille de Zeus, qui doit épouser samedi en huit Horus, fils d’Isis. Mariage à l’égyptienne…

Sylvie Miller et Philippe Ward ont créé un cadre et une époque rien que pour leur enquêteur, dont c’est ici la deuxième enquête. Tout commence au Caire où Lasser se prélasse à l’hôtel Sheramon, se poursuit à Alexandrie où doit avoir lieu le divin mariage, puis à Babylone, en passant par les enfers où le malheureux devra se rendre deux fois pour les besoins de l’enquête. L’année affichée est celle de 1935, mais un 1935 totalement différent de celui qui fut puisque les dieux égyptiens, grecs, gaulois et sumériens sont vénérés comme dans leurs temps et que surtout, ils vivent parmi les hommes. Et mènent grand-train, formant la jet set tout aussi scandaleuse et tapageuse que nos célébrités du show business.

Si vous voulez savoir comment et pourquoi Aglaé la peste a disparu, il vous faudra suivre le rythme trépidant des aventures de Lasser qui dans la plus pure tradition hard boiled ne se ménage pas. Il se fait cogner, roule en voiture de luxe et séduit (croit-il) une femme fatale. Contrairement à ses homologues américains (Lasser est un pur Gaulois), ça n’est pas un solitaire et il aura bien besoin de l’aide de ses amis (Fazimel sa secrétaire, Hapi le centaure, Néfertoum le dieu chat…). L’ambiance est au polar d’aventure rempli d’anachronismes en tout genre (les Gaulois ont inventé le Chanel n°5 et les hommes parlent des langues différentes alors que la tour de Babel existe bel et bien). Lasser a le sens de la répartie, un flair tout à fait déconcertant et se sort au prix de quelques bosses de situations pour le moins inextricables.

On l’aura compris, cet opus est avant tout un divertissement mêlant humour et aventure. L’improbable Lasser se rend immédiatement sympathique, même s’il n’apparait pas toujours sous son meilleur jour. Il n’est pas inoubliable, certaines situations sont plus que rocambolesques, mais l’esprit de sérieux n’est pas de mise ici. On est plutôt dans l’exercice d’admiration face à un genre, le polar, que le contexte sort des sentiers battus, pourvu qu’on ait l’esprit assez fantaisiste et envie de se divertir.