Dans les arènes du temps

04.12.2015

Le Bibliocosme aime la nouveauté


Les lecteurs qui avaient été déçus de voir Fazimel aussi rapidement écartée de l’intrigue du précédent volume seront ravis de savoir qu’elle occupe cette fois un rôle central.

Après sa dernière enquête mouvementée pour le compte des divinités grecques, le célèbre détective Jean-Philippe Lasser espérait pouvoir profiter d’un répit bien mérité à siroter tranquillement son whisky au bar de l’hôtel Sheramon. Seulement cette fois c’est par sa patronne en personne, la déesse Isis, qu’il est sollicité pour régler une sombre affaire de disparition de statue. Et quand les dieux ordonnent… Après l’Égypte et la Grèce place aux villes de Rome et Pompéi dont Sylvie Miller et Philippe Ward nous offrent ici une brillante reconstitution. Aménagement des rues, architecture, vestiges antiques, spécialités culinaires, traditions locales… : le décor est solidement planté et on se laisse vite séduire par ce cadre méditerranéen. Quelques petites innovations au niveau du scénario nous permettent également d’avoir un aperçu des deux villes à l’époque antique et là encore la qualité du travail de documentation effectué par les auteurs permet une totale immersion. Jeux du cirque, orgies romaines empereurs fous, éruption du Vésuve… : autant vous dire qu’on ne s’ennuie pas une seconde ! Ce quatrième tome fournit également l’occasion de faire connaissance avec de nouveaux dieux, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’entre l’orgueilleuse Junon, la fourbe Vénus ou encore le colérique Jupiter, le Panthéon romain est loin d’être particulièrement sympathique.

Les lecteurs qui avaient été déçus de voir Fazimel aussi rapidement écartée de l’intrigue du précédent volume seront ravis de savoir qu’elle occupe cette fois un rôle centralpuisque, pour la première fois depuis le début de la série, Lasser n’est plus le seul narrateur ni le seul détective. C’est désormais davantage en qualité de collègue et non plus d’assistante que la pétillante réceptionniste accompagne notre bougon détective. On en apprend ainsi beaucoup plus sur son passé et sur ses nombreux talents qui n’ont pas fini de nous étonner et qui donnent lieu à quantité de révélations plus surprenantes les unes que les autres. On découvre notamment l’existence d’une « Patrouille du temps » constituée d’agents formés pour veiller à ce qu’aucune anomalie en provenance du futur ne vienne perturber le passé. Des agents avec lesquels nos deux héros vont évidemment avoir maille à partir : ce n’est pas pour rien que ce quatrième volume s’intitule « Dans les arènes du temps » ! L’hommage aux écrits de Poul Anderson est évident mais on retrouve aussi le même principe chez Kris qui l’utilise dans ses bandes dessinées « Les Brigades du temps », que je ne peux que vous conseiller). Pour ce qui est de l’intrigue, tout n’est évidemment pas parfait mais on sent bien que les auteurs ont à nouveau pris beaucoup de plaisir à l’écriture de cet opus, aussi est-il difficile de ne pas se laisser contaminer par leur enthousiastecommunicatif.

Un quatrième tome aussi réussi que les précédents et qui nous permet de découvrir de nouvelles facettes de la personnalité de Fazimel. On retrouve également avec beaucoup de plaisir cet univers uchronique foisonnant mêlant habilement mythologie antique et mode de vie propre au début du XXe siècle, ainsi évidemment que le personnage de Lasser au charme duquel il est impossible de résister. Vivement le cinquième volume !