Hâpi

Hâpi ne ressemble à rien de ce que vous connaissez. C'est un taureau sacré avec un corps d'homme. C'est également l'un des amis de Lasser. Comme il tient un night club, il lui suffit de laisser traîner ses oreilles pour glaner toutes sortes d'informations. Lasser le consulte assez souvent au cours de ses enquêtes.

Hâpi est l'heureux propriétaire de l'Argemmios, la boîte la plus branchée du Caire. Voici la description qu'en fait Lasser, lorsqu'il y emmène Ouabou : "Il était impossible de rater la boîte : au-dessus du fronton d’inspiration grecque, un immense cristal bleu émettait une lumière vive qui éclairait les alentours. Une partie de la gemme était taillée de multiples facettes tandis que l’autre, presque brute, paraissait à peine arrachée de la roche. [...] J’ai pénétré à l’intérieur, Ouabou sur mes talons. Dédaignant le vestiaire, j’ai emprunté l’escalier taillé à même la roche qui descendait vers le sous-sol. Arrivé en bas, j’ai failli trébucher sur mon irritant compagnon qui s’était arrêté sur l’avant-dernière marche pour contempler ce nouvel environnement. [...] Il est vrai que le lieu était spécial : l’immense salle semblait avoir été creusée à l’intérieur d’une gemme ou d’un glacier. Les parois, d’un bleu cristallin, pulsaient d’une lueur azurée qui vibrait au rythme de la musique." Les fans de fantasy auront sans doute reconnu le nom et le look de la boîte, inspirés d'une petite maison d'édition amie...

Voici comment Lasser décrit ce taureau un peu particulier : "Il était trapu, très musclé et portait une salopette bleue. Il avait également une tête de taureau aux cornes brillantes, posée sur son large torse."

Son nom

Hâpi est un taureau sacré. Il porte donc le nom égyptien de tous ses pairs. Lorsqu'il se présente à Ouabou, il apporte toutefois une précision : "Moi c’est Hâpi, treizième du nom. Mais tu peux m’appeler Hâpi." Ici, il y a clairement un jeu de mots, également pour les connaisseurs. api13 est en effet le pseudonyme email de mon digne co-auteur Philippe Ward !

Son histoire

Lasser nous la raconte : "Autrefois, il avait été adoré à Memphis comme taureau sacré, treizième de sa dynastie. La durée de vie de ces animaux vénérés se limitait à vingt-cinq ans. Au bout de ce temps, on les noyait dans le Nil lors d’une cérémonie solennelle, puis on les embaumait soigneusement pour des funérailles de rois. Pour Hâpi 13, les choses s’étaient passées différemment. Lorsque les prêtres avaient voulu le sacrifier, le dieu du Nil et de la crue, Hâpy, était descendu de la première cataracte et l’avait sauvé. Le portant jusqu’à la rive, il lui avait donné le corps d’un homme. Hâpi 13 s’était alors estimé libre de tout engagement envers les prêtres, qui n’avaient pas eu leur mot à dire. Et il était parti au Caire pour vivre la nouvelle vie accordée par le dieu."

Son caractère

Hâpi est un bon vivant. Il aime rire et prendre les choses du bon côté. Il est également plein de modestie, comme le lui signale Lasser, qui sait parfaitement qu'il est propriétaire de la boîte et pourrait mener la belle vie : "Je ne comprends pas pourquoi tu t’obstines à servir au bar, ai-je dit pendant qu’Hâpi s’installait derrière son immense bureau." Hâpi a une très bonne explication : "J’adore préparer les cocktails, a-t-il répondu en allumant un cigare gros comme un barreau de chaise. Et rien ne vaut le contact."

L'évolution du personnage

On découvre, au fil des romans, qu'Hâpi est un personnage plein de ressources, comme le souligne Fazimel : "On peut solliciter l’aide d’Hâpi. Il a toujours des combines pour tout." Durant l'enquête sur la disparition du sexe d'Osiris, dans Un privé sur le Nil, il fournit à Fazimel une Pierre de Soleil : "C'est une boussole viking chargée de magie par les prêtres de Balder, le dieu nordique de la lumière. À bord des drakkars, elle permet aux marins de toujours retrouver leur route."

Dans la même enquête, il remet à Lasser la lance d'Athéna, avec l'explication suivante : "Le centaure Chiron, qui s’est pointé la nuit dernière à l’Argemmios pour me procurer cette arme, a dit qu’Athéna acceptait de te la prêter pour aider Isis. Et, surtout, parce qu’elle déteste Sobek, comme la plupart des dieux. [...] C’est une arme divine. Il est impossible de la briser. Et puis tu peux la replier. Il te suffit de prononcer le mot madzeuô. Pour la déplier, tu dis : anoigô. C’est du grec." Ainsi, ce taureau sacré rendu à la vie d'homme a un pied dans le monde des humains et l'autre dans le monde des dieux. Et il possède de sacrées relations, le bougre !

Hâpi est également doté d'une très grande force, puisqu'il parvient à maintenir ouvertes les mâchoires d'un crocodile géant pour libérer Lasser, prisonnier à l'intérieur de la bestiole. C'est également un taureau sacré, béni par les eaux du Nil. A ce titre, il possède certains pouvoirs, qu'il utilise pour vaincre le même crocodile géant. Lasser décrit la scène : "Hâpi s’est planté devant le monstre et a levé une main. De sa gorge, est monté un son étrange, une sorte de chant grave qui résonnait comme un bourdonnement. L’eau du marais a brusquement enflé et une vague est venue soulever le crocodile géant, le tirant brutalement en arrière alors qu’elle refluait. La tête du monstre a heurté le sol et il s’est effondré, inconscient, au bord du marécage."

Hâpi se permet même de dire des blagues salaces à Isis, sans même qu'elle ne s'en offusque. Lasser pense alors que le taureau doit bénéficier de sacrées protections en haut lieu.

Dans les volumes suivants, Hâpi va continuer de nous surprendre...

Les taureaux sacrés en Egypte ancienne : la réalité historique

Jouissant d’une extrême popularité, le dieu Apis (ou Hâpi) s’incarne sous la forme d’un taureau sacré et une enceinte lui est spécialement consacrée à proximité du temple de Ptah à Memphis. Apis est parfois représenté sous l’aspect d’un homme à tête de taureau.

La légende raconte qu’Apis est né sous la forme d’un taureau noir d’une génisse vierge qu’il a fécondée, sous la forme d’un feu magique. Ce taureau mystique, reconnaissable entre tous, porte un triangle blanc au front, la forme d’un vautour sur le dos, un croissant de lune sur le flanc et un scarabée sur la langue. Nourri dans le temple de Memphis, Apis est considéré comme un visionnaire. À la mort de l’animal, d’importantes processions accompagnent sa dépouille vers son tombeau, le Serapeum, dans la nécropole de Saqqarah. Une fois les funérailles achevées, la tâche incombe aux prêtres de trouver le successeur de l’animal sacré qui doit posséder ses signes distinctifs. Des fêtes fastueuses célèbrent ensuite l’intronisation du nouvel Apis.