Un privé sur le Nil

12.10.2016

Lasser en bonne place au bazar


Des petites enquêtes farfelues, de l’humour, des personnages qui tiennent la route, des dieux égyptiens (mais pas que) plus vrais que nature, une Egypte des années 30 dans laquelle des dizaines de pyramides sont toujours sur pied et de belles bagnoles ! J’approuve et je signe pour la suite !

Lors de chaque édition du festival des Imaginales, notre tradition – brillamment instaurée par Dawn – veut que le tout dernier achat du dimanche matin avant le grand départ, soit tourné vers une totale découverte et si possible, privilégiant un « petit » éditeur. Cette année, j’étais complètement indécise, je n’arrivais pas à me décider et mes premiers choix n’ont pas pu aboutir (livre épuisé, auteur absent de sa table de dédicace…). Je me suis finalement tournée vers le premier tome de la série Lasser, séduite par la présentation qu’en avait faite Sylvie Miller lors d’une table ronde les jours précédents.
Et quelle bonne intuition j’ai eue là ! La découverte a été excellente de bout en bout… à tel point que la suite est d’ores et déjà achetée et sera très certainement dévorée d’ici les prochaines Imaginales, en mai 2017.

Lasser est le genre de héros un peu maladroit, un peu à côté de ses pompes et un peu trop porté sur la bouteille ; le personnage qui, en somme, n’est ni le plus sexy ni le plus badass de la création mais auquel on s’attache pourtant et pour lequel on a une tendresse certaine. C’est une figure qui vit au jour le jour, qui ne s’attache ni à son passé ni à son futur, on ne sait donc pas grand chose de lui pour le moment mais je ne doute pas que les auteurs nous réservent quelques surprises.
Lasser est certes celui qui occupe le devant de la scène, mais un peu comme Harry Potter, il ne serait rien sans tous les personnages secondaires qui gravitent autour de lui, à commencer par Fazimel. Employée du Sheramon, l’hôtel où notre héros a élu domicile, c’est une alliée de poids qui sait se rendre indispensable, non seulement pour sa matière grise mais aussi et surtout pour sa jolie et très utile Coccinelle rose. Pour moi, c’est la belle assistante que l’on pourrait prendre de prime abord pour une gentille cruche mais qui en fait, en a sous le capot !
Les dieux sont aussi des personnages hauts en couleurs particulièrement bien croqués par Sylvie Miller et Philippe Ward. Tous ont un trait caractéristique qui les rend marquants mais celui qui remporte la palme est, selon moi, Seth qui gagne auquel on a taillé un sacré costard ! Dans sa limousine, déguisé en mafieux, le dieu mal aimé joue les gros durs… et se plante quasiment à chaque fois !

Comme vous pouvez le constater, l’humour est au rendez-vous et, parfaitement dosé, il accompagne un fond assez sérieux et maîtrisé. En effet, derrière ces personnages charismatiques, c’est tout un décor et un contexte bien conçus qui défilent sous nos yeux. Sylvie Miller et Philippe Ward se sont documentés grâce à de nombreuses lectures historiques et archéologiques et nous offrent des scènes remplies de nombreux détails. Là encore, c’est parfaitement dosé : juste ce qu’il faut pour que le lecteur soit transporté dans une Egypte des années 30 où les pyramides sont toujours là, mais pas trop pour éviter qu’il soit noyé sous des descriptions interminables.
Je ne connais que très sommairement le panthéon égyptien et toutes les histoires de famille qui relient les dieux entre eux, j’ai adoré (re)découvrir les relations compliquées existant entre Isis, Osiris, Horus, Seth, Sekhmet… mais pas que ! Parce que figurez-vous que même si ce premier tome se situe en Egypte, vous croiserez des dieux non-égyptiens qui eux aussi, apportent leur lot d’ennuis et de complications ! D’ailleurs, entre nous, j’ai vraiment hâte de lire les tomes suivants parce que Lasser va prendre la route et va donc s’éloigner des pyramides pour rencontrer d’autres horizons… et d’autres dieux sans doute tout aussi hautains et tyranniques !

Si les tomes suivants s’attarderont à chaque fois sur une seule et même enquête, ce premier opus est construit un petit peu différemment puisqu’il rassemble en fait plusieurs feuilletons, un peu à la façon des épisodes de séries policières. Vous trouverez donc plusieurs mini-enquêtes rédigées sous forme de nouvelles, le tout mettant en scène les mêmes personnages dans le même contexte.
La brièveté des récits entraînent effectivement une certaine simplicité dans les enquêtes ou du moins, des scénarios un peu basiques… cela dit, soit dit entre nous, je me suis énormément amusée à découvrir les recherches de Lasser et de Fazimel (c’est bourré d’humour !) et je n’ai jamais rien vu venir, la résolution des affaires a toujours été une bonne surprise ! J’aime bien ce format parce qu’il permet, surtout pour un tome d’introduction, de flâner auprès de nombreux personnages, d’offrir un petit tour d’horizon au lecteur.
A noter que la petite enquête-nouvelle tournant autour du personnage de Ouabou (un chat bien particulier) et réécrivant le conte du Chat Botté transposé dans l’Egypte des années 30, m’a fait très forte impression ! C’est brillamment orchestré, à mon humble avis et rien que pour celle-ci, je vous invite à vous pencher sur les aventures de Lasser, détective des Dieux !

Des petites enquêtes farfelues, de l’humour, des personnages qui tiennent la route, des dieux égyptiens (mais pas que) plus vrais que nature, une Egypte des années 30 dans laquelle des dizaines de pyramides sont toujours sur pied et de belles bagnoles ! J’approuve et je signe pour la suite !