Actualités

23.02.2013

Critique sur wagoo.fr


On devine au fil des pages l’attrait que les deux auteurs semblent éprouver pour l’Egypte (ainsi que pour les vieilles voitures, apparemment !), et les exceptionnelles incohérences qui subsistent sont bien vite oubliées, au profit d’une lecture profondément distrayante et amusante.

Sylvie Miller et Philippe Ward, alias le Noir duo, avaient déjà mis en scène le détective Jean-Philippe Lasser dans quelques nouvelles disséminées ici et là (dans Noir duo, justement, mais également Plumes de chats ou Fragments d’une fantasy antique). Ils ont finalement décidé de les réunir au sein d’une véritable série en développant davantage cet univers de fantasy profondément personnel et original.

L’action se déroule dans des années 1930 alternatives, une uchronie baroque, puisque ce XXe siècle est encore dominé par les civilisations antiques, Rome, la Gaule, la Phénicie ou l’Egypte. C’est dans ce dernier pays que le gaulois Jean-Philippe Lasser a fini par émigrer, pour suivre une splendide créature féminine l’ayant finalement laissé tomber. Prototype de l’anti-héros, Lasser est un détective plus intéressé par la fainéantise et la consommation de whisky que par l’appel de l’aventure, étant en outre un non-violent pratiquant. Il se retrouve toutefois projeté au cœur des conflits entre divinités. L’élément fantastique est en effet incarné par ces dieux que nous connaissons tous via les diverses mythologies les mettant en scène. Ils apparaissent ici sous un jour peu enviable, jaloux, mesquins, caractériels, manipulateurs ou simplement indifférents à l’égard des humains. Ce faisant, Sylvie Miller et Philippe Ward sont parfaitement fidèles à la philosophie des dieux du panthéon grec, splendidement cyniques vis-à-vis de l’humanité. Ces dieux très humains sont un élément essentiel de l’humour pince sans rire qui traverse la totalité du recueil, et qui voit Lasser successivement chargé de retrouver le manuscrit volé de Thot (avec une chute culinaire réjouissante !), la chatte de Sekhmet et le sexe d’Osiris, avant de devoir éviter une guerre entre l’Egypte et la Nubie. Au fil de ces aventures, il croisera un sphinx aux énigmes (plus ou moins) pitoyables ; un taureau sacré devenu barman ; un chat tout droit sorti des Tontons flingueurs, ne supportant pas l’alcool et qui devient son assistant ; sans oublier un Seth aux méthodes de mafieux.

On devine au fil des pages l’attrait que les deux auteurs semblent éprouver pour l’Egypte (ainsi que pour les vieilles voitures, apparemment !), et les exceptionnelles incohérences qui subsistent (dans la première nouvelle, Ramsès XXVII règne sur le pays, alors que c’est Ramsès XXIII dans la seconde, et dans la dernière enquête, Lasser utilise plusieurs fois la bague d’Isis, alors que celle-ci l’avait auparavant récupéré) sont bien vite oubliées, au profit d’une lecture profondément distrayante et amusante.