Un privé sur le Nil

01.12.2012

Critique sur elbakin.net


Au fil des pages et des diverses enquêtes réunies ici, on s’attache facilement à ce nouveau détective débarquant dans le genre, pas foncièrement original, mais efficace (si, si…), mordant, mais surtout bien entouré.

Par Gillossen

Sur Elbakin.net, nous avons cru dès le début en Jean-Philippe Lasser, après avoir eu l’occasion d’en apprendre un peu plus sur lui en amont de la parution de ce roman à quatre mains. 

Cela dit, logiquement, une petite incertitude était de mise avant d’entamer la lecture de cet ouvrage ; après tout, sur la longueur, il n’était pas interdit de se retrouver déçu. Fort heureusement pour nous, il n’en est rien.
Ah, le Caire et son histoire millénaire… Non, nous n’allons pas nous lancer dans un monologue à la OSS 117, car Lasser est plus haut au fait des agissements du gratin de cairotes que ce bon vieux Hubert Bonisseur de La Bath. Logique, puisque cela fait tout de même trois ans qu’il patauge au bord du Nil…
Dès la première enquête du privé, le lecteur se retrouve plongé dans le bain de cette drôle d’Égypte des années 30, où se côtoient dieux et humains tandis que Pharaon est toujours là à régner sur ses terres et bien décidé d’ailleurs à marier sa fille.
Sylvie Miller et Philippe Ward s’amusent en tout cas beaucoup et cela se sent. Univers farfelu et dépaysant, personnages secondaires aussi nombreux que hauts en couleur (un vrai nid à héros de la semaine…), clins d’oeil au roman noir en pagaille (mais pas seulement, les contes ne sont pas oubliés…), enquêtes bien construites mais surtout atypiques (Le quatorzième Morceau d’Osiris est un sacré… morceau justement)… N’en jetez plus ! On insistera tout de même particulièrement sur cette notion de personnages hauts en couleur, formule souvent galvaudée mais qui prend ici tout son sens.
L’un dans l’autre, on ne s’ennuie jamais à suivre les déboires de Lasser, mais ne vous attendez pas à un rythme effréné : eh oui, c’est que le soleil d’Égypte tape fort sur les têtes, alors pourquoi se priver d’un petit verre à l’hôtel Sheramon entre deux enquêtes ?
Côté dieux et ambiance générale, on navigue bien plus du côté d’un Thraxas ou d’un Garrett que chez American Gods. Si par quelques touches subtiles, les auteurs nous démontrent que leur univers n’est pas si bon enfant que ça, l’ensemble demeure avant tout marqué par les fausses colères de Lasser ou ses déconvenues plutôt à même de donner le sourire au lecteur.
Au fil des pages et des diverses enquêtes réunies ici, on s’attache facilement à ce nouveau détective débarquant dans le genre, pas foncièrement original, mais efficace (si, si…), mordant, mais surtout bien entouré.
Autant dire que l’on attend de pied ferme son retour dans Mariage à l’Égyptienne, d’ores et déjà annoncé pour mars 2013.
7.5/10