Mariage à l’Egyptienne

07.04.2013

Les coups de coeur de Jean-Luc Rivera


Tout l’humour à la Goscinny et à la Audiard du premier roman est à nouveau présent dans celui-ci, avec une enquête qui nous mène dans des pays plus exotiques les uns que les autres, dépaysement et surprise assuré !
Il y a trois mois était sorti le premier volume des enquêtes de Jean-Philippe Lasser, "Un privé sur le Nil" (Editions Critic), ce détective gaulois installé au Caire en 1935, dans cette Egypte toujours dominée par ses dieux, chaque pays ou nation étant soumis à son panthéon particulier. Je vous avais fait partager mon enthousiasme à l’époque (décembre 2012), enthousiasme qui ne s’est pas démenti à la lecture du tome 2, "Mariage à l’égyptienne" (toujours chez Critic). Nous retrouvons ce brave Lasser là où nous l’avions laissé à la fin de ses premières enquêtes : une belle plaque en marbre à l’entrée de l’hôtel Sheramon annonçant qu’ici se trouve le détective des dieux, toujours un amour immodéré du whisky picte et l’annonce de la disparition d’Aglaé, fille de Zeus et fiancée d’Horus, le fils bien aimé d’Isis, patronne de Lasser. Il va donc devoir mener une enquête cruciale de façon discrète - les papyroïdes ne sont pas encore au courant -, avec un Zeus qui a engagé son propre détective, et quel détective ! Ses investigations vont le faire évoluer une fois de plus au milieu de ces dieux capricieux, grands enfants gâtés et égoïstes, dont les pouvoirs et la puissance ne leur servent qu’à opprimer les humains et à épater leurs rivaux - les dieux grecs ne valent pas mieux que les égyptiens ou les babyloniens... - tout en l’emmenant explorer des territoires nouveaux, un vrai plaisir que de l’accompagner en Babylonie et à Sumer mais une vraie descente aux enfers, au sens propre comme au figuré, pour ce malheureux Lasser. Il peut heureusement compter, pour notre plus grande joie, sur l’aide de ses amis, sa dévouée secrétaire Fazimel en premier lieu, mais aussi sur Ouabou, le chat divin et bavard ou Hâpi l’homme-taureau et sur de nouvelles connaissances, Amr le djinn au tapis-taxi volant ou Soumou-Aboum le taureau ailé : le mélange et la cohabitation de tous les panthéons, dans cette Alexandrie où viennent se marier Aglaé et Horus n’est pas celle des Ptolémées mais qui assume quand même son rôle de carrefour greco-égystien - et son phare est toujours l’une des sept merveilles du monde -, sont très réussis et créent un cadre unique et fort drôle que les auteurs marient à merveille avec le notre monde technologique. Et Lasser va enfin se motoriser, une petite merveille fabriquée par les Goths (les latines c’est bien pour le design mais pas pour la solidité...), un Roadster Mercedes-Benz superbe que l’on peut admirer en 4ème de couverture, qu’il va acheter dans le garage de Vulcain, eh oui même les dieux se reconvertissent avec l’évolution du monde moderne. Il croisera brièvement son passé, en la personne de Taranis, le dieu gaulois responsable de la mort de son père, et se retrouvera de manière inattendue aux côtés de son vieil ennemi, Seth. Tout l’humour à la Goscinny et à la Audiard du premier roman est à nouveau présent dans celui-ci, avec une enquête qui nous mène dans des pays plus exotiques les uns que les autres, dépaysement et surprise assuré ! En conclusion, je ne peux que renouveler mon conseil pour lire Lasser dans les meilleures conditions : un verre de whisky picte seize ans d’âge (nous passerons sans doute à l’ouzo dans le troisième tome vu la demande finale de Zeus), cette faible odeur de Kyphi apparaît alors, la luminosité augmente, la magie des dieux et des auteurs opère à nouveau, il n’y a plus qu’à se laisser transporter chez Lasser.