Un privé sur le Nil

27.03.2014

par "Le Livre Monde"


je trouve que les auteurs s’en sont plutôt bien tirés.
Ils ont pris le parti de caricaturer les personnages (pas que les dieux), ce qui permet d’en percevoir la substantifique moelle tout en se laissant de la liberté interprétative. C’est plutôt pas mal pensé.

Et voilà la chronique d’un second livre qui a fait partie du pack « je veux découvrir depuis longtemps mais je n’ai jamais pris le temps de le faire et justement ils l’ont à la bibli ». Du coup, après le Détective Sylvo Sylvain (je me rend compte que je lis pas mal de policiers en fait en ce moment), c’est à la découverte du détective Lasser que je pars !

Jean-Philippe Lasser est Gaulois, en 1935, dans un monde où les anciens dieux sont toujours d’actualité et se baladent encore au milieu des humains. Il se retrouve, un peu par inadvertance (les femmes le perdront !), sur les bords du Nil. Donc il écluse tranquillement son whisky préféré au bar de son hôtel de villégiature, quand Isis herself se pointe et lui demande de retrouver un précieux grimoire. Lasser n’a pas trop une bonne opinion des Dieux, mais bon a t-il vraiment le choix ? En fait, pas vraiment…

Une uchronie avec des dieux anciens ? MOI MOI MOI !!! J’adore la mythologie, même si je suis moins portée sur l’Egyptienne que sur la Grecque par exemple, et j’étais très curieuse de voir ce qui allait sortir de cet opus qui s’annonce d’emblée humoristique. Donc inutile de pousser des hurlements sur le fait que « MAY NOOOON ISIS ELLE EST PAS COMME CAAAAAA », parce qu’en effet, ce n’est pas le but. Et d’ailleurs, je trouve que les auteurs s’en sont plutôt bien tirés. Ils ont pris le parti de caricaturer les personnages (pas que les dieux), ce qui permet d’en percevoir la substantifique moelle tout en se laissant de la liberté interprétative. C’est plutôt pas mal pensé.

Parlons de ce choix de la caricature… j’utilise ce terme à escient, car j’ai vraiment eu l’impression de me retrouver sur les jetées de mer l’été, avec des croqueurs qui nous tirent le portrait ! Comme c’est un choix délibéré et assumé, ça ne pose pas de problème. J’ai même trouvé que vis à vis des Dieux, c’était astucieux. Toutefois, le point négatif, c’est que Lasser n’échappe pas au topo. Bon au moins, c’est cohérent. Toutefois, le détective accroché à son zinc avec une assistante caractérielle mais superefficace, c’est aussi un peu réchauffé. J’avoue, j’ai retrouvé un peu de Nestor Burma (le saxo en moins) et c’était pas mal amusant, mais pour me satisfaire totalement, ça manquait de finesse.

Un trait que l’on retrouve dans le style, encore une fois très en cohérence, très direct, droit au but et sans fioriture. Agréable, donc, clair et sans circonvolutions inutiles, mais pour ma sensibilité, un peu pataud. Il a le défaut de sa qualité, tout simplement, c’est pourquoi je l’évoque comme un léger bémol mais pas comme une grosse fausse note. En terme de personnages, de style et autres, le roman est solide et même si ça manque de finesse, au moins, ça tient bien la route ! En plus, ça ressemble à son personnage…

Un dernier mot : le roman est présenté comme une succession de courtes nouvelles, en fait. Des chapitres qui sont un peu comme des épisodes de série. Ce sont donc plusieurs enquêtes qui sont présentées ici, mais qui trouvent un fil rouge intéressant malgré tout, reliées les unes aux autres, et qui mènent à un dénouement global qui donne, une fois de plus, de la tenue à l’ensemble. Un ensemble prologue, comme pour Syvlo Sylvain, qui pose une ambiance et un univers un peu en plusieurs morceaux que l’on enveloppe dans des bandelettes pour avoir une belle momie toute fraîche à la fin ! Du coup, clairement, il faudra lire la suite ! J’attends de voir si les choix de construction seront les mêmes ou non !